Fleurs est un recueil de plusieurs conversations menées avec des personnalités dans leurs jardins ou sur des jardins qu’elles ont étudiés ou connus comme celui d’Emily Dickinson. Mais souvent, il s’agit de jardins imaginaires, créés ou reconstruits à partir de phrases, de bout de vie retrouvés çà et là par l’écrivain.
Jardin de toute une vie, jardin attaché à l’enfance, dernier jardin… à l’image du jardin du château du Ringkobing au Danemark, où Jakob Petersen a passé toute une vie de malade, à se régénérer au contact d’une nature qui peu à peu prenait l’ascendant sur un jardin autrefois très jardiné : « (…) il ne comprenait rien au jardinage mais il n’acheta pas, comme le font souvent les néophytes, des manuels ou des livres. Il n’apprit jamais à tailler les plantes pour leur donner une forme ornementale ou stimuler leur croissance. Il ne connaissait pas les noms de la plupart des arbres. « A quoi bon ? » (…) Car il avait fini par les aimer passionnément, il les connaissait un par un, ils étaient des individus à ses yeux. »
Il ressort de toutes ces pages de rencontres et de dialogues, à travers lesquelles Marco Martella invente ou réinvente – sous couvert – une part de ses propres jardins, à l’image du jardin du dernier chapitre, retour en Sicile : fleurs, fruits, parfums, lieux, souvenirs… l’essence même du jardin : la quête du paradis perdu et la quête pour le retrouver, dans les jardins.
Michel Audouy
- Marco Martella, éditions Actes Sud, coll. Un endroit où aller, 19 euros.