Commence alors une carrière professionnelle (carrière n’est pas le bon mot), plutôt une vie où le jeune homme puis l’adulte apprend, dessine, forme son regard, aiguise sa sensibilité au contact des autres : autres êtres humains, autres disciplines, autres paysages. C’est aussi le début d’une conscience politique avec, entres autres, un premier vote écologiste pour René Dumont en 1974.
Des commandes de jardins privés, l’enseignement assez tôt, et puis le jardin dans la vallée. On connaît plus ou moins l’histoire de l’édification de la maison racontée avec une grande sensibilité dans le « Salon des Berces ». Elle est ici remise dans la perspective d’une vie.
Le grand déclic vers le public a lieu grâce à quelques commandes emblématiques comme le parc André Citroën, le jardin du Rayol (de loin son préféré), Valloires… et parallèlement ses premières publications dont le « Jardin en mouvement » écrit au départ à l’adresse des étudiants.
Au fil des questions – qui déroulent la chronologie de sa vie, les idées s’affinent autant que les prises de position en évitant tout radicalisme même si on peut sentir sous certaines formulations une grande colère contre le monde tel qu’il est.
La transmission par l’écriture et l’enseignement – quelle que soit sa forme et quel que soit le public – constituent la colonne vertébrale d’une personnalité qui n’a jamais cessé de s’enrichir et de transmettre. C’est sa contribution à l’édification du « Jardin planétaire ».
Quelle cause veux-tu défendre ?
Réponse : « La cause du vivant, de la vie en général (…) »
En refermant le livre, on revient sur certains passages où la part intime pudiquement dévoilée éclaire la part publique ; et là on se dit que Gilles Clément a réussi sa vie, sa plus belle leçon.
Michel Audouy
- Editions du Seuil, 113 pages, 12 euros