Depuis le printemps 2020, voici quelques-unes des questions qui nous occupent, enseignants, élèves, personnels administratifs. Les scènes d’échange, d’écoute et de débat se sont démultipliées, d’abord afin de prendre soin de tous puis de comprendre ce qui nous arrive et comment le traverser. Aujourd’hui, rien n’est simple. L’enseignement est partagé entre des séances en présence dans des dispositions aménagées de nos locaux, et des séances à distance, à grand renfort de moyens numériques, dont on connaît les impacts écologiques et sur la santé humaine. D’autre part, le contact avec le terrain nous manque beaucoup. Le printemps, saison précieuse pour les rencontres avec le vivant, nous l’avons vécu enfermés ; les déplacements sont devenus difficiles à organiser ; l’expérience collective des espaces s’est considérablement réduite. L’apprentissage mutuel, l’un des fondements de notre pédagogie, est devenu ardu : il est difficile pour les élèves isolés d’apprendre des séances de critique collective et d’exposition des travaux. Le lieu de l’école se rappelle pourtant à nous comme le fondement de l’apprentissage : il est l’endroit où l’on se croise, on l’on partage, on l’on confronte ; il est le lieu de l’égalité entre les élèves, qui disposent des mêmes moyens matériels ; il est le lieu de l’interdisciplinarité, essentielle à l’enseignement du projet de paysage.
L’état d’urgence sanitaire puis sécuritaire, réduisant nos moyens et nos habitudes, nous a mené à prendre des chemins de traverse pour imaginer les mois à venir. Nous n’attendons plus les directives pour voir l’année 2021 comme une année en projet, et nous saisir des contraintes pour imaginer d’autres manières d’apprendre, de discuter et de montrer les travaux. Nous inventons de nouvelles modalités pédagogiques dans le cadre qui est le nôtre. Enfin, et nos élèves nous le rappellent sans cesse, la période que nous traversons doit intégrer nos pratiques d’observation et d’imagination.
En ce sens, le printemps a été l’occasion d’explorations collectives. Le 16 mars 2020, le confinement a été annoncé. Les élèves, en une journée, ont plié leurs affaires et quitté le lieu de l’école. Ils sont rentrés s’enfermer chez eux pendant que le printemps déferlait dehors. Les stages ont été annulés, les voyages et les jardins botaniques sont restés lointains, et le monde s’est réduit d’un seul coup. L’équipe enseignante a imaginé des exercices de remplacement de stage, qui ne remplaçaient rien, mais proposaient aux élèves de rester attentifs, en mouvement, exerçant avant tout l’observation et l’imagination. Ces travaux font l’objet d’une exposition évolutive (à l’école et bientôt en ligne), certes peu visitée en ce moment, mais qui nous invite, nous aussi, à rester en mouvement.
Au printemps prochain, les élèves ont hâte de partir en stage. Nous comptons beaucoup sur nos partenaires qui, nous l’espérons, malgré leurs propres difficultés économiques et personnelles, pourraient les accueillir en stage. Les déplacements internationaux étant limités, nous recommandons des stages en France ou en Europe. En CPEP1 et CPEP2, les élèves sont en stage huit semaines entre avril et mai : ils se forment aux gestes de la culture des végétaux dans un stage pratique en jardin botanique, en pépinière, en réserve, etc. En DEP1 et DEP2, les élèves s’investissent en maîtrise d’œuvre, en laboratoire de recherche ou en maîtrise d’ouvrage, pour une durée de dix semaines ou davantage. Les élèves de DEP3, actuellement en diplôme, travaillent sur leur sujet de fin d’études qu’ils présenteront nous l’espérons en public, en juin 2021. Ils partiront ensuite en stage jusqu’en septembre, pour 12 semaines minimum. Pour accueillir l’un de nos élèves, il suffit d’adresser une annonce à cette adresse : stage-enp@insa-cvl.fr
Pour conclure, nous pensons aux entreprises qui subissent de plein fouet cette situation compliquée, aux associations, aux propriétaires, aux collectivités et nous souhaitons leur témoigner notre solidarité. Nous croyons plus que jamais à la nécessité vitale de décloisonner et d’ouvrir nos perspectives, en faisant davantage de place aux sciences du vivant et aux transversalités entre les enseignements. Nous voyons les questions d’écologie et d’organisation collective devenir indissociables, et prendre toujours plus de place depuis quelques années, dans nos soutenances de diplôme, comme dans nos vies quotidiennes.
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Ecole
L’école de la nature et du paysage de Blois en temps de confinements
Les confinements successifs et les nouvelles conditions de vie qui nous affectent tous depuis de nombreux mois, touchent de plein fouet une école de la nature et du paysage. Comment questionner les paysages que nous produisons quand nous ne les voyons plus ? Comment apprendre de manière collective quand chacun est isolé chez soi ? Comment penser les futurs espaces publics quand la plupart des usages sont interdits et surveillés ? Comment croire à une école en ligne ?