Car l’exotisme est avant tout affaire de représentations et de curiosité, « une façon bien occidentale d’appréhender notre relation au reste du monde ». C’est ce qui est rappelé dans la première partie du livre où l’auteur raconte comment le goût pour les plantes exotiques s’est développé et diffusé dans les parcs et jardins composés très souvent de plantes venues d’ailleurs, dont on ne sait plus l’exotisme, tellement elles nous sont familières.
Mais le contexte a changé à l’heure de la mondialisation. Les échanges généralisés font craindre un monde complètement homogène, y compris dans les jardins et les paysages. Du côté de l’écologie, certains spécialistes dénoncent les excès du voyage des plantes à travers l’introduction de maladies et de plantes invasives ou le pillage des milieux d’origine. Bref, à l’heure des voyages à bas coût, la quête exotique n’a plus la même saveur.
Faut-il pour autant condamner l’exotisme ou le regretter ? L’auteur nous guide vers ce que sera, selon lui, l’exotisme de demain.
Il faudra réinventer l’exotisme, « un exotisme qui tient mieux compte du monde végétal et animal qui nous nous entoure ». Sept voies sont proposées, au premier rang la nécessité de redécouvrir le monde qui nous entoure « l’inconnu qui nous est proche », la mise en place d’une « flore équivalente », mieux adaptée aux conditions de climat et de sol, suffisamment évocatrice de l’image désirée. On retrouve cela dans la démarche de Gilles Clément qui a toujours défendu le voyage des plantes autant que les ressources locales. Autre voie, renouveler l’exotisme à travers la culture de « l’étrange, du rare et du beau », complétée par une nécessité de repenser le sens et à la mise en scène des jardins. Autrement dit les messages dont ces lieux peuvent être porteurs, l’expérience « végétale » à laquelle ils nous convient. Dans tous les cas, il s’agit de réapprendre à observer le monde.
Quel que soit ce qui sera possible demain, J.M. Groult invite à un changement de valeurs, au-delà de la prise de conscience écologique même si celle-ci est au cœur de ce changement. Cette prise de conscience ne se réduit pas à la mise à l’index de quelques plantes invasives ou de tel papillon, et c’est heureux. L’auteur cite en exemple l’intérêt de jardiniers – de plus en plus nombreux – pour la préservation de la diversité des espèces, en particulier dans le domaine du jardin alimentaire. Il y voit un amour de la diversité et la culture du « meilleur du monde ».
Le nouvel exotisme se situerait là, dans l’association de l’utile – la dimension vivrière – et de l’agréable. L’agréable pouvant servir à l’utile.
- Jean-Michel Groult, éditions Actes Sud, 220 pages, 22 euros.